samedi 8 mars 2014

41. Premier sonnet sur l'amour de l'éducation : Junghans

Hommage à Pascal Junghans pour son amour de l’éducation



Classement : recyclage



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Il y a plusieurs années que je m’intéresse au discours médiatique sur l’éducation. A l’époque, j’avais trouvé dans un rayon de bibliothèque un livre de Pascal Junghans, « La Fracture scolaire » (Editions Syros, collection « Ecole et société », 1997).

Dans un ensemble mal écrit, mal construit, mal pensé, on trouve une dose d’anti-élitisme passant largement les bornes de l’habituel, assorti de formulations absurdes dans leur excès. Le livre de Junghans est un exemple, relativement ancien, de ce qu'on peut appeler « bourdieusisme délirant », qui imprègne largement le discours médiatique actuel (en dernier lieu : une tribune de David Salegueule dans Libération du 3 mars 2014)

On trouvera un florilège junghansien en annexe.

Ce fatras m’avait inspiré, en réaction, un sonnet :

Hommage à Pascal Junghans pour son amour de l’éducation

Apprends d'abord, Junghans, ce qu'est une litote,
Toi pour qui c'est bien peu que Descente aux enfers,
Catastrophe, Train fou, visions d'âge de fer,
D'Apocalypses relookées à Gravelotte.

Ne confonds pas fusillade et mauvaise note,
Le baccalauréat n'est pas la der des ders ;
D’abus métaphoriques ne sois pas si fier,
Ne te satisfais pas de tes formules sottes.

Ta sociologie, pavée de grands sentiments,
Conduit au cimetière des raisonnements,
Où, joyeux chantre de l’harmonie patronale,

Avec des arguments aussi tordus qu'une S,
Tu ne cherches qu'à déconsidérer le SNES
Et diaboliser l'Education nationale.

[A ma connaissance, c’est le seul poème français incluant le sigle « SNES »]

Quelques mots sur Pascal Junghans
Je copie-colle ici le texte trouvé sur un site :
« Pascal Junghans, 55 ans, est professeur à l’International University of Monaco, chargé de cours à l’Université de Technologie de Troyes et à l’Université de Poitiers. Docteur en sciences de gestion, ses recherches portent sur l'intelligence économique, la criminalité financière, le traitement de l'information et les médias. Il a été auparavant directeur de programme dans une école de commerce, journaliste pendant 26 ans (la Tribune, Capital, Libération ...) et cadre dirigeant dans un important cabinet de courtage d'assurance. Il est l'auteur de huit livres dont le dernier traite des services de renseignement français. »


Annexe
Quelques citations croquignolettes de l'ouvrage de Pascal Junghans, classées par thèmes

Le livre de Pascal Junghans, docteur en sciences de la gestion, c'est : 

Un style immonde
Page 24 : « …cette tendance a tendance à se poursuivre, voire à s’amplifier »
Page 30 : « les réponses pédagogiques [à ce problème] sont infiniment multiples. »
Page 63 : « la démocratisation de l’école tant chantée sur toutes les estrades de France et de Navarre n’est qu’un véritable leurre »
Page 76 : « gangrenées par des idées subversives, voire de gauche ! »
Page 219 : « une demi-dizaine d'années plus tard »
Page 247 : « … développer la possibilité de pouvoir entamer des études »

Des formules choc
Page 27 : « … catastrophe »
Page 42 : «… Moloch qui broie des milliers de jeunes »
Page 84 : «… l’enseignement technique entame sa lente descente aux enfers »
Page 64 : « le niveau des enfant d’ouvriers monte mais beaucoup moins vite que celui de la moyenne des autres élèves, montre une étude – une véritable bombe –, réalisée par l’[INSERM] »
Page 81 : «… fonce à tombeau ouvert vers le précipice » (quoi ? Allez-y voir !)
Page 107 : «… le ministre Chevènement, véritable Gribouille, lance l’école, tel un train fou, sur des rails débouchant sur un précipice »

Une métaphore chiadée
Page 83 : « Les « nouveaux collégiens » arrivent dans le secondaire comme les poilus de 1917 sortaient des tranchées : en se disant que sinon ils seraient fusillés par les leurs, tout en étant persuadés que beaucoup d’entre eux resteraient au tapis.
Ceux des « nouveaux collégiens » qui survivent au massacre sont récompensés de […] leur énergie en monnaie de singe. »
« Monnaie de singe » : pas mal vu, non ?

Des prétentions à la littérature
Page 131 : « Lorsque Claude Gros – un homme au mince collier de barbe sans lequel un fonctionnaire de l’Education nationale ne serait pas tout à fait complet – arrive comme proviseur, il y a quatre ans, il découvre un établissement qui dérive comme un bateau ivre. »
Page 171 : « Chaque année c’est le même pensum : de vieux directeurs d’administration centrale quittent la Rue de Grenelle et, dans de poussifs véhicules, se dirigent vers le ministère des Finances comme en d’autres temps on allait à Canossa. Dans l’immense immeuble du plus pur style stalinien, construit par l’architecte Chemetov, un jeune chef de bureau soupire. Ce jour, il reçoit le vrai, le seul ministère dépensier, celui de l’Education nationale, de loin le premier budget de la nation. [Suivent des chiffres - évidemment catastrophiques - sur le budget de l’EN]… Le jeune chef de bureau piaffe d’impatience à l’idée de tailler à pleine calculette dans la grosse chair molle de ces masses financières qu’il soupçonne d’être largement improductives. »

Des remarques pertinentes sur François Bayrou et Jean-Pierre Chevènement
Page 54 : « cet agrégé de Lettres, père d'une polytechnicienne. » (cela doit être su !)
Page 139 : « le ministre Bayrou est doté d’une ambition féroce …. »
Page 107 : «… le ministre Chevènement, véritable Gribouille …. »

De l'amour pour les livres
Page 52 : « Quelles solutions préconise alors Bentolila pour réduire l’illettrisme ? D’abord, évidemment, mettre en garde contre la télévision, diatribe convenue, car « la grande masse de la production télévisuelle impose un mode de relation au sens qui est en contradiction formelle avec celui qu’implique la lecture » [citation de Bentolila, 1996, page non indiquée]. Il faudrait donc interdire la télévision aux enfants. En voilà une suggestion parfaitement opératoire ! »
« Mettre en garde » ou « interdire » ?
Page 67 : « …les livres qui encombrent les bibliothèques parentales »

Un peu de prof-bashing
Page 130 : « Mais les consommateurs d’école les plus avertis, c’est-à-dire les professeurs, ne se contentent pas de la stratégie triviale qui consiste à choisir un lycée. Après tout, un excellent établissement peut être encore sectorisé. Quel dommage de ne pouvoir y accéder ! Alors choisissons le collège qui mène à ce lycée. Mieux, attaquons-nous à l’école primaire. Et pourquoi pas à l’école maternelle ! Environ 59,9 % des professeurs bravent les impératifs de la carte scolaire et choisissent la maternelle où leur rejeton fera ses premières expériences de vie collective. On choisit la meilleure maternelle qui conduit à la meilleure primaire, puis au meilleur collège et enfin au meilleur lycée… Peu à peu se constituent des filières d’élite. Et aussi, par voie de conséquence, des filières poubelles. »
Il n’est pas à la portée de tout le monde de saisir le concept de « environ 59,9 % ». 

Conclusion
Ben, oui, quoi, mais ya quand même du vrai, alors !




Mise à jour : 10 mars 2014

























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