jeudi 10 janvier 2013

27 Un bon plan X


La démocratisation de Polytechnique pour les nuls...







Dans Le Monde du 2 janvier 2013, article de Benoît Floc’h sur le recrutement de l’Ecole polytechnique, « Un coup d’épée dans l’élitisme ».

L’auteur s’ébaubit parce que, de 2007 à 2012, le nombre de boursiers reçus au concours y est passé de 7 à 13 % (après « une pointe à 17 % en 2011 », ce qui n’empêche pas que « le nombre d’élèves boursiers ne cesse d’augmenter ») ; il se désole en même temps d’un résultat très insuffisant, puisque l’université, elle, n’en a pas moins de 35 %.

Un concours républicain, donc injuste 
La faute en revient au fait que « le concours est républicain, c’est-à-dire qu’il traite tout le monde sans faire de différence »*, ce qui est logique dans « un pays passionné par l’égalité »*, mais évidemment ne peut qu’être favorable à la bourgeoisie et autres catégories privilégiées (« A l’Ecole polytechnique, citadelle républicaine qui forme l’élite bourgeoise depuis des lustres […],  le recrutement reste socialement très déséquilibré. »).

Benoît Floc'h est « vraiment révolutionnaire » 
On constate donc que Benoît Floc’h n’hésite pas à faire l'apologie de la haine de classe et à prêcher la remise en cause de tous les privilèges. 
Qu’on se rassure : les lecteurs du Monde font partie des catégories sociales qui alimentent l’Ecole polytechnique avec leurs rejetons, donc, les risques d’embrasement restent limités.

Pourquoi pas moi ?
Ce qui est désolant dans cet article, ce n’est pas sa double pensée, mais l’incapacité de l'auteur à traiter correctement le sujet, à informer véritablement ses lecteurs, par delà une série de lieux communs sans grand intérêt. 
Le fond du raisonnement est absurde : il met en balance « l’Ecole polytechnique » et « l’Université ». Il semble vouloir dire que des boursiers remarquablement doués qui seraient normalement allés à l’Université se seraient, dans ces dernières années, avisés de l’existence de l’Ecole polytechnique, se seraient dit : « Pourquoi pas moi ? » (« Halte à « l’autocensure » ! ») et, last but not least, auraient réussi le concours.

Un conte de fées pour adultes 
Cela relève du conte de fées pour adultes consentants. 
Il est bien évident que des élèves boursiers assez brillants pour être reçus à Polytechnique ne sont pas allés à l’Université : ils sont allés dans une classe préparatoire scientifique, avec une bonne perspective d’être admis dans une école d’ingénieur (sans parler de celles qui recrutent sur dossier). Et pour certains d’entre eux qu’ils ont passé le concours de Polytechnique à côté d’autres concours moins prestigieux. L’alternative n’est pas « Polytechnique/Université », mais « Polytechnique/autre école d’ingénieur ». 

Dans ces conditions, est-ce que la variation du nombre des boursiers reçus à Polytechnique est significative ? Probablement pas. En tout cas, pas sans qu’on dispose des données concernant les classes préparatoires et les résultats des autres écoles d’ingénieurs.

De telles interrogations sont manifestement au-dessous de l’entendement d’un journaliste français spécialisé dans l’éducation. Les siennes (comment mettre fin à l'élitisme) sont beaucoup plus haut de gamme...  

NOTES
* citations approximatives













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